L’ex-première adjointe de Juppé à Bordeaux associe de grands patrons à un projet éducatif qui s’appuie sur les sciences cognitives.
Virginie Calmels rebondit dans un secteur où on ne l’attendait pas. L’entrepreneuse girondine qui, après avoir démarré sa carrière dans la production audiovisuelle, s’était lancée dans la politique avec Alain Juppé, a annoncé mercredi le lancement d’une école privée d’enseignement supérieur bac+3 (6 bachelors) et bac+5 (5 mastères) qui proposera aussi de la formation continue.
À 49 ans, l’ancienne première adjointe du maire de Bordeaux, qui connaît bien le monde de l’entreprise et a mis un terme, il y a quelques mois, à un passage raté dans l’univers de l’immobilier international de luxe, constate les carences actuelles du marché. « Plus de 100.000 emplois sont non pourvus faute de formations adéquates et 21 % des jeunes actifs sont au chômage, souligne-t-elle. Il faut connecter les besoins des entreprises aux formations de talents. »
« Notre ambition est de former des spécialistes immédiatement opérationnels à ces nouveaux métiers de l’animation 3D, de la réalité virtuelle, du web design ou du marketing digital »
Futurae – avenir en latin – disposera d’un campus à Boulogne-Billancourt qui accueillera en octobre prochain 150 étudiants, tous destinés aux métiers «en tension» des industries créatives et du marketing numérique. « Notre ambition est de former des spécialistes immédiatement opérationnels à ces nouveaux métiers de l’animation 3D, de la réalité virtuelle, du web design ou du marketing digital », détaille Virginie Calmels.
Le créneau est porteur, occupé en France par de nombreuses écoles, comme Hétic (Galileo Global Education) ou e-artsup (Ionis) dans les métiers créatifs liés au boom du numérique. L’originalité du projet de Virginie Calmels tient aux liens étroits que Futurae veut développer avec les dirigeants d’entreprises partenaires, dont plusieurs «pointures» qui s’engagent à intervenir personnellement chaque année pour des «master class» dans l’école: Sébastien Missoffe (Google France), Patrice Caine (Thales), Véronique Morali (Webedia) Justine Ryst (YouTube France) ou Xavier Niel (Free), qui a lui-même fondé en 2013 l’école gratuite 42, dédiée aux métiers de l’informatique. Futurae sera payante, avec un tarif annuel de 7700 euros pour le bachelor et de 8 500 euros pour le mastère.
Des « game tests » de potentiel
Tout le corps professoral sera composé de professionnels en exercice à même de projeter les étudiants «dans la vraie vie». Autre particularité de Futurae: son processus de sélection et sa pédagogie, fondés sur les sciences cognitives. L’école fera passer aux candidats des « game tests » de potentiel afin de mieux les orienter, selon leurs aptitudes à s’adapter aux situations, à être flexibles, à travailler en équipe, etc.
Dans la formation aussi, un bloc de modules «incontournables» sera censé faire entrer les étudiants dans un processus d’«acculturation au monde de demain». Au menu: intelligence artificielle, cybersécurité et protection des données, responsabilité sociale et environnementale… mais aussi «savoir être». Virginie Calmels, qui a investi personnellement dans le projet et est majoritaire au capital de l’école, veut que ses futurs étudiants n’oublient pas de « développer leur confiance en eux et leur esprit critique ».