Atlantico : Lors de votre passage remarqué chez Laurent Ruquier à propos de la sortie de votre livre J’assume (éditions de l’Observatoire), Christine Angot s’en est prise à vos origines sociales et à l’homogénéité sociale supposée de vos fréquentations, vous lui avez répondu que vous étiez fière d’être un produit de la méritocratie. C’est également un élément que vous mettez en avant dès le début de votre autobiographie. En quoi votre parcours ou votre regard auraient-ils été différents si vous étiez née avec une cuillère d’argent dans la bouche ou que vous aviez suivi un parcours plus classique comme bon nombre de responsables politiques passés par l’ENA ?
Etes-vous d’ailleurs si différente ?
Virginie Calmels : Dans le premier chapitre, je le rappelle, je suis fille de pied noir et mon père m’a souvent répété : « un jour, je me suis couché riche et je me suis réveillé pauvre ». Comme beaucoup de pied-noir, il a perdu l’essentiel de ses biens, des terres viticoles et des plantations d’agrumes, lors de l’indépendance. Ma mère elle, pupille de la nation, a perdu ses parents pendant la guerre. Elle a des racines fortement liées à la terre, car elle avait également une famille qui avait des terres et des fermes dans le Lot. L’un comme l’autre ont connu une forme de déclassement avec un changement de situation brutale. Moi, je suis née à Bordeaux, à Talence pour être exacte, après l’indépendance presque dix ans plus tard. Mais j’ai bien sûr hérité de ce terreau familial.
Mes parents m’ont appris à beaucoup travailler pour gagner mon indépendance. Je fais partie de ces femmes qui pensaient qu’il ne fallait compter sur personne d’autre qu’elles-mêmes pour leur vie future. Je suis très attachée à la liberté.
Dans le livre, je reprends cette maxime que j’aime beaucoup de Thomas Jefferson : « plus je travaille plus la chance me sourit ». Certes, la chance m’a souri, j’ai eu des responsabilités très jeune. J’ai eu la chance d’avoir un parcours professionnel extrêmement riche dans un délai assez court. Directrice financière chez Numéricâble à 27 ans, directrice générale déléguée du groupe Canal+ à 31 ans, PDG d’Endemol France à 36 ans, puis DG d’Endemol monde à 41 ans, présidente du conseil de surveillance d’Eurodisney à 42 ans… Bref, comme je le rappelais à Christine Angot, j’ai eu de la chance mais j’ai aussibeaucoup travaillé.
C’est un parcours que j’appelle méritocratique. C’est-à-dire que je ne suis pas née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Je n’ai effectivement pas fait l’ENA, et même si je suis diplômée de deux grandes écoles je n’ai pas un profil technocratique carj’ai passé vingt ans dans l’entreprise privée. J’y ai développé la volonté de promouvoir l’égalité des chances, l’ascenseur social, et je suis très attachée aux valeurs du travail et du mérite.
L’ENA, stop ou encore ? Entre ce que la France gagne à avoir des élites administratives et politiques très bien formées et ce qu’elle perd à ce que les mêmes soient ultra-formatés, de quel côté penche la balance ?
Je ne remettrai pas en cause la nécessité d’avoir une école d’administration pour former des élites dans nos administrations. En revanche, l’ENA est devenue l’une des principales sources des profils politiques, ce qui est une sorte de dévoiement du système. Du coup le personnel politiquen’est pas tout à fait représentatif, et c’est un euphémisme de le dire, de ce que sont les différentes catégories socio-professionnelles de notre société.
La question n’est pas tant de savoir s’il faudrait ou non supprimer l’ENA mais plutôt de se demander comment faire pour que la classe politique ne soit pas composéeprincipalement d’énarques.
Tout étant toujours relatif, vous n’étiez pas non plus née dans la misère, loin de là, et avez bénéficié d’un solide capital culturel de départ grâce à vos parents. Quel regard portez-vous là-dessus aujourd’hui : la droite sait-elle s’adresser aux catégories populaires ? Et au-delà d’une certaine inclination à flatter les instincts populistes -dans les procès faits au manque de racines supposé d’Emmanuel Macron par exemple- a-t-elle un logiciel de compréhension du monde permettant de proposer de véritables espoirs aux Français les plus déshérités ou aux perdants de la mondialisation ?
Je ne suis pas née dans la misère, mais je ne suis pas née dans l’opulence non plus. Il est vrai que j’ai eu la chance d’avoir un bagage culturel conséquent. Je viens d’une famille où l’on lisait beaucoup, ou il y avait beaucoup d’échanges et au sein de laquelle une conscience politique m’est apparue très jeune. Je dis toujours que mon émission préférée était « L’heure de vérité » lorsque j’avais dix ans. Tout cela forge un caractère, une réflexion. Mes parents m’ont avant tout transmis des valeurs. Et ce sont ces valeurs, celles de la droite, que je souhaiteporter politiquement. Celles du mérite, du travail, de l’effort, dela liberté individuelle, de la responsabilité, de l’autonomie et de la difficulté aussi, car tout ne tombe pas tout cuit dans le bec. J’ai grandi en province,avant de commencer à travailler à Paris. Cela m’a permis d’être connectée aux problématiques d’un territoire rural ou d’une petite commune.
Je trouve que nous sommes dans un pays qui rogne de plus en plus sur la liberté et la responsabilité au nom d’un « Etat nounou » qui ferait soit disant le bien de tous, mais qui a laissé prospérer 9 millions de pauvres et 6 millions de chômeurs. C’est bien là l’échec d’un modèle qui n’a pas réussi à atteindre ses objectifs, et qui a sombré, par idéologie socialiste, dans l’égalitarisme. Et selon moi, l’égalitarisme, en nivelant par le bas, a paradoxalement creusé les inégalités alors que l’égalité des chances permet à des personnes issues de toutes les origines de pouvoir revendiquer des études, un travail, un logement, et une évolution à la fois personnelle et professionnelle.
Vous incarnez la ligne libérale au sein d’un parti qui semble croire de moins en moins au libéralisme. Qu’avez-vous à dire aux Français, plus ou moins défavorisés qui ont l’impression que le néo-libéralisme et la financiarisation croissante du capitalisme sont largement responsables de ce qu’ils perçoivent comme une aggravation des inégalités ? Comment par ailleurs défendre la mondialisation et la libération des énergies auprès de ceux qui considèrent qu’elles les laissent sans protection face à des multinationales ayant perdu le respect de l’homme ?
Je suis une fervente adepte du libéralisme économique, mais je suis simultanément adepte d’un régalien fort, d’un renforcement des moyens de police, justice, sécurité, défense, lutte contre l’immigration illégale, …L’un va avec l’autre. Ce n’est pas du libéralisme débridé. Ce que j’aimerais montrer aux Français, c’est que ma vision du libéralisme n’est pas la défense du capitalisme, mais la lutte contre l’étatisme, et la promotion de la responsabilité des individus et de leur liberté d’action. Nous souffrons de trop d’Etat, nous légiférons trop et mal, et beaucoup de nos lois ne sont même pas appliquées.
Dans la sphère économique, je reste convaincue que ce dont nous avons besoin, c’est d’abord et avant tout de baisser les charges qui pèsent sur les entreprises (sociales et patronales) et l’IS, et de baisser également les impôts qui pèsent sur l’ensemble des Français afin de leur redonner de l’air et de la capacité à investir, à dépenser ou à vivre tout simplement. Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen :,baisser la dépense publique. C’est ce pourquoi je me bats. Je viens de l’entreprise et je pense possible de gérer l’argent public autrement. Dans mon périmètre de responsabilité à Bordeaux j’ai baissé la dépense publique de 30% tout en augmentant la création nette d’emplois, en multipliant par 9 les emplois nets créés en 3 ans. Nous avons là un vrai levier d’action mais il faut du courage politique pour redéfinir le périmètre de l’Etat, ses missions prioritaires, son rôle et enfin manager la fonction publique. Il n’y a pas de raison pour que la France compte 80 fonctionnaires pour 1000 habitants quand la moyenne de l’UE est de 60. Il n’y a pas de raisons que nous ayons 55% de notre PIB consacré à la dépense publique quand ce taux est de 47% en Allemagne.
Je trouve qu’Emmanuel Macron reste, de ce point de vu là, dans la lignée de son prédécesseur François Hollande en ne baissant pas d’un iota la dépense publique et en augmentant encore les impôts (de +4,5 milliards en 2018).
Le cliché veut que la droite soit souvent considérée comme le camp défendant les riches et les puissants. C’est sociologiquement de moins en moins vrai, les grandes villes qui vont bien sont plutôt ancrées à gauche et on peut remarquer que le macronisme est autant une sociologie, l’alliance de catégories d’électeurs ayant un intérêt commun qu’une offre politique ou idéologique. Pour vous et après être allée à leur rencontre, qui sont vraiment les électeurs de droite aujourd’hui, ceux qui n’ont cédé ni aux sirènes du macronisme ni à la tentation du FN ?
Ce sont ceux quiadhèrent aux valeurs de la droite. La méritocratie, le goût de l’effort, du travail. Mais aussi la défense de la famille, de la transmission, de la propriété, du respect des différentes générations…Emmanuel Macronsemble s’adresser essentiellement aux gens qui vont bien, qui sont actifs, vivant dans les cœurs de villes, n’ayant pas forcément d’enfants ou ne se préoccupant pas forcément du devenir des anciennes générations. On perçoit une forme de déconnexion de sa part sur certaines problématiques.
Je pense que notre électorat est à la fois composé d’indépendants, d’agriculteurs, de commerçants, artisans, des gens actifs, des entrepreneurs, mais aussi plus généralement de ceux qui sont attachés à ces valeurs que je viens de décrire et en lutte contre le communautarisme ou l’immigration illégale. Ils sont issus des territoires ruraux mais également de quartiers populaires en milieu urbain. Quand nous dénonçons la baisse du pouvoir d’achat, nous nous adressons à tout le monde. Idem lorsque nous dénonçons entre autre la hausse de la CSG pour les retraités.
L’un des derniers chapitres du livre s’intitule Droite dans mes escarpins mais vous restez finalement largement à l’écart des débats ou des revendications sur les droits des femmes. En tant que femme, que vous inspire la période actuelle et en quoi le fait d’être une femme change-t-il ou pas votre manière de voir le monde ?
Je suis partagée. Bien évidemment, j’adhère pleinement à la volonté de lutter pour l’égalité salariale, de promouvoir les femmes à des postes à responsabilité, et je l’ai fait moi-même à la tête des entreprises que je dirigeais. Mais aussi de lutter contre les violences faites aux femmes, ou de libérer la parole des femmes. Mais je n’aime ni la caricature ni l’excès. Je pense que les femmes ont prouvé leurs compétences et leurs capacités à réussir. Je pense aussi que certains combats féministes qui s’apparentent à du sexisme envers les hommes nuisent à la cause des femmes. Et je ne souhaite pas que l’on tombe dans le puritanisme en confondant les sujets graves et de fond comme les violences faites aux femmes avec la drague lourde ou le « regard insistant » qui pourrait donner lieu à une amende de 90 € selon le rapport Schiappa.
Dans votre livre, vous dressez des portraits sévères d’Edouard Philippe ou de Gilles Boyer que vous avez beaucoup cotoyé lors de la campagne aux primaires d’Alain Juppé même si vous continuez à épargner le candidat lui-même. Pourtant quand on vous lit attentivement ou qu’on vous écoute et indépendamment de toute appréciations des qualités ou défauts personnels de l’homme, on se dit parfois que vous n’avez quand même que peu d’atomes crochus avec les valeurs du juppéisme post Chirac, cette espèce de conviction que tout serait affaire de bonne gestion, d’optimisme techno et de modération.
Avec le recul et sans langue de bois, pensez-vous que seriez, vous, allée chez Alain Juppé si l’équipe d’Alain Juppé et Alain Juppé lui-même n’étaient pas venus vous chercher pour la mairie de Bordeaux alors que vous réussissiez une belle carrière dans les médias ?
Lorsqu’Alain Juppé vient me chercher pour m’engager à Bordeaux, il n’est pas question de primaire ou de projet présidentiel. Il s’agit d’un engagement local dans la ville où je suis née, celle ou mon père est enterré, et de cette volonté de me mettre au service du bien commun dans un périmètre qui est celui de l’économie et de l’emploi.
La primaire est arrivée après. Et la construction du projet d’Alain Juppé a suivi. Lorsque Alain Juppé rend les arbitrages sur l’élaboration de son projet, et quand il rédige ses livres programmatiques, « Mes chemins pour l’école », « Pour un Etat fort », « 5 ans pour l’emploi », j’adhère à 100%. Et si je reprends son projet en détail tel qu’il était rédigé, je suis complètement en phase avec ce dernier, ma seule nuance étant sur le port du voile à l’université. Je n’ai d’ailleurs eu aucun mal à faire campagne pour lui pendant les primaires, car j’étais en phase avec mes convictions.
Cela dit, j’aime bien rappeler, car les électeurs ne l’ont pas en tête, que dans « Pour un Etat fort » Alain Juppé prônait des quotas d’immigration, l’aménagement de l’aide médicale d’Etat, un durcissement du regroupement familial, un durcissement des règles du droit du sol, la fermeture des mosquées salafistes, beaucoup plus de moyens pour la police, la justice, etc…Ce que j’ai dénoncé, c’est le concept « d’identité heureuse » qui a été finalement un élément de langage assez éloigné du projet initial. À titre personnel, je ne me suis jamais retrouvée dans ce concept, mais je me retrouvais totalement dans son livre « Pour un Etat fort ». Alain Juppé seul a porté la synthèse de ce qui pour moi sont deux lignes bien distinctes. Malheureusement le grand public a entendu « l’identité heureuse », qui était clairement la ligne de ses porte-paroles Edouard Philippe et Benoît Apparu, au détriment du contenu de son livre.
Autre révélation du livre, celle d’un plan B avorté pendant la campagne présidentielle qui consistait à ce que François Fillon se retire tout en choisissant lui-même son successeur ? Pouvez-vous nous (ré)expliquer ce dont vous avez été témoin ?
Suite à l’annonce de la mise en examen de François Fillon le 1ermars, une rencontre entre les trois principaux acteurs qu’étaient Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon s’imposait selon moi pour décider de la suite. Il n’y avait qu’une seule alternative. Soit François Fillon se maintenait, mais dans ce cas, il aurait fallu que tout le monde soit derrière lui. Soit, pour des raisons évidentes, François Fillon ne se maintenait pas et à ce moment-là cette rencontre permettrait de clarifier la situation.
Entre le 1eret le 2 mars je me suis donc entretenue directement avec Alain Juppé, avec François Fillon et j’ai appelé moi-même Nicolas Sarkozy. Le vendredi, voyant qu’Alain Juppé n’avait toujours pas contacté Nicolas Sarkozy, je décidais de rédiger un communiqué de presse officielappelant à la rencontre des trois protagonistes. C’est le samedi soir qu’Alain Juppé a fini par contacter Nicolas Sarkozy et qu’ils se sont mis d’accord pour cette entrevue à 3. Un rendez-vous est fixé le mercredi matin 8 mars. L’objet de ce rendez-vous était de proposer à François Fillon de garder la tête du parti mais de désigner lui-même son successeur.
Alain Juppé a finalement décidé le lundi matin de fermer la porte à tout plan B et le comité politique qui se tenait également ce lundi 6 mars -auquel je n’ai pas pu être présente- a décidé du maintien de François Fillon en tant que candidat.
Le rendez-vous à trois devenait caduc et a été annulé par Alain Juppé le mardi matin. Je rappelle que Nicolas Sarkozy avait donné son accord pour ce rendez-vous. Il avait même émis un communiqué de presse le lundi matin, avant l’allocution d’Alain Juppé, pour officialiser ce rendez-vous.
Marine Le Pen pour la première fois a appelé à voter dès le premier tour pour un candidat LR dans une législative. Vous avez expliqué sur Twitter que vous préférerez toujours perdre plutôt que gagner dans le cadre d’une quelconque alliance avec le FN. Marine Le Pen réussit elle un mini coup en contraignant les LR à se justifier pour la énième fois vis à vis de tous ceux qui sont trop heureux de sauter sur l’occasion pour affirmer que les LR sont en pleine dérive droitière ?
Non je ne le crois pas.
La droite a besoin de se reconstruire par la force de son projet. C’est parce que l’on aura un projet fort et crédible qui répondra aux attentes et aux préoccupations des Français que certains électeurs du Front national comprendront peut-être enfin que le FN est une impasse et que Marine Le Pen, qui a prouvé ses limites dans le débat du second tour, a perdu toute légitimité.
À toute personne qui appelle à un accord avec le Front national, j’aimerais poser ces questions : cela veut-il nécessairement dire qu’elle adhère à la sortie de l’UE ? De l’euro ? Cette personne est-elle en ligne avec la vision nationaliste, protectionniste et isolationniste de la France dans le monde ? Le reste voyez-vous, ce serait de la tambouille politicienne. Cette tambouille qui consisterait à l’alliance de la carpe et du lapin dans le seul but de gagner les élections. J’y serai toujours fermement opposée. Laurent Wauquiez a été également très clair en la matière.
Dans la famille politique des LR nous devons garder notre cohérence, et en dépit de nos différentes sensibilités nous avons un tronc commun solidesur lequel nous ne devrons jamais transiger. C’est notre force et notre crédibilité. A contrarioLREM abrite des positions extrêmement distinctes voire contradictoires. Quand on observe un Daniel Cohn-Bendit au côté d’un Bruno le Maire, où est le tronc commun ?
Si le FN dans les temps à venir s’alignait sur un programme commun compatible avec ce que vous défendez, refuseriez-vous toujours tout accord ou considérez-vous que quels que soient les programmes défendus par ce parti et la dédiabolisation entreprise, il demeure et demeurera toujours en marge du champ républicain démocratique ?
Le FN porte un héritage idéologique qui ne disparaîtra pas quel que soit son nouveau nom ou sa nouvelle ligne.
Je suis hostile à tout tripatouillage électoral ou accord contre nature, qui s’apparenterait à de la tambouille politicienne. Je ne veux pas tomber là dedans. Je reste convaincue que nous avons le devoir d’être suffisamment clairs, pédagogues, précis et crédibles sur l’alternative que nous pourrions apporter aux français. Ensuite les électeurs se détermineront étant précisé que je suis contre les consignes de vote, c’est mon côté libéral qui croit à la responsabilité individuelle.
Après l’épisode de l’EM de Lyon et les propos de Laurent Wauquiez sur les écoutes qu’auraient pratiquées Nicolas Sarkozy sur ses ministres, les deux hommes se sont rencontrés cette semaine; Une rencontre demeurée glaciale semble-t-il. Alors que Nicolas Sarkozy est beaucoup venu sur le terrain du Président des Républicains ces derniers temps, complimentant abondamment Gérald Darmanin dans le Nord, recevant longuement Valérie Pécresse ou intervenant sur la question des institutions aux côtés de Gérard Larcher, tous les ingrédients d’un clash sont réunis. Comment réagiriez-vous le cas échéant s’il s’avérait que Nicolas Sarkozy glissait un peu souvent des peaux de bananes sous les pas de son successeur à la tête de LR ?
J’ai plaisir à rencontrer Nicolas Sarkozy de façon régulière. À mes yeux, il reste une figure essentielle de notre famille politique. S’il peut nous prodiguer ses conseils, je pense que c’est une bonne chose.
Je pense que nous avons à tirer les enseignements de ce qu’il s’est passé. C’est un peu l’objet de mon livre. Faire le point sur ce que l’on a vécu et en tirer quelques enseignements. Oeuvrer au rassemblement de notre famille politique m’apparaît essentiel.C’est pour cela que j’ai accepté la proposition de Laurent Wauquiez. Parce que je pense qu’il fallait que la sensibilité libérale soit représentée et qu’elle continue à vivre aux côtés des conservateurs. C’est intéressant et riche d’avoir des personnalités qui embrassent un champ large de sensibilités au sein même d’une droite qui a un socle et qui doit être réunie sur ses fondamentaux.
Dans la visite de Nicolas Sarkozy dans le nord, j’y vois le témoignage de l’amitié. Je pense que c’est l’essence même des rapports humains que de pouvoir maintenir son amitié à des personnes qui n’ont pas forcément votre ligne politique. J’ai à ce titre un paquet d’amis chez les macronistes (rire). Ils restent mes amis. L’amitié demeureheureusement au-delà des inclinations politiques.
Même si l’homme les a déçus, les électeurs de droite semblent finalement toujours en demande de sarkozysme, peut-être le fillonisme était-il d’ailleurs perçu comme une forme de sarkozysme sans Sarkozy. Cette synthèse de droite assumée, de libéralisme conjugué à une forme de conservatisme, de régalien fort et d’ouverture économique. Trouvez-vous que le parti répond au mieux à cette attente à l’heure actuelle ?
En tout cas, je vais œuvrerà mon niveau pour qu’il y réponde. C’est pour cela que j’y suis et c’est pour cela que je ne cesse de répéter que notre parti doit marcher sur ses deux jambes, les libéraux et les conservateurs.
Quand il y a eu les ateliers de la refondation, les militants se sont prononcés massivement. Il leur était demandé ce qu’ils attendaient des Républicains. En, numéro un, que le parti soit réformateur. En numéro deux, que le parti soit libéral. En numéro trois qu’il soit gaulliste. Je pense qu’il ne faut pas oublier le message que nous ont adressé nos militants.